27 janvier 2022

Union Européenne, « De la Ferme à la Fourchette », apprenez l’anglais d’abord !

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« De la Ferme à la fourchette », l’intitulé pour une fois non technocratique ou verbeux  de la déclinaison agricole du Pacte vert (Green Deal dans la langue de nos « élites ») a de quoi attirer l’attention du citoyen concerné par l’avenir de notre agriculture et la faim dans le monde.

Il s’agit en effet de la définition d’une stratégie pour rendre plus durable le système alimentaire européen en particulier dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

 Pour être franc, l’adoption de ce texte par le Parlement Européen à une écrasante majorité, 452 voix pour, 170 voix contre, 76 abstentions, suscite une grande méfiance, tant ce parlement a la faculté d’adopter n’importe quel texte, sans visiblement connaître les dossiers.

Son critère d’acceptation est sa conformité à la bien pensance du moment.

Alerté par l’évocation de simulations de divers organismes, américain, allemand, hollandais,  qui vont jusqu’à prévoir une réduction de 50% de la production de viande bovine en 2030, une véritable obsession chez nos européistes, il me fallait aller plus loin. Une seule méthode, aller au texte adopté en définitive par le Parlement.

Cette démarche me conduisit vers un autre sujet, plus fondamental, l’avenir de ma langue, le Français.

Scolairement, je me connecte au site de l’Union Européenne (ec.europa.eu) et trouve l’intitulé  « De la Ferme à la table (exit fourchette)». Tout est normal sauf que, lorsqu’il s’agit de choisir ma langue, une seule option possible : l’anglais.

Magnanime, la commission européenne nous informe qu’elle nous met à disposition une traduction par une e-translation, un outil de traduction automatique.

Merveilleux, enfin presque, car si nous ne sommes plus vraiment des citoyens, nous ne sommes pas non plus des consommateurs très choyés.

Nous avons en effet cette déclaration lunaire qui provoquerait le licenciement d’un chef de produit dans n’importe quelle entreprise. Je cite :

«  Le service de traduction automatique vous donne une idée générale du  contenu d’un texte dans une langue que vous comprenez. »

 « La qualité et la précision de la traduction automatique peuvent varier considérablement d’un texte à l’autre et d’une paire de langue à une autre.

« La commission européenne ne garantit pas l’exactitude de la traduction et n’assume aucune responsabilité en cas d’erreurs. »

Résumons :

La Commission Européenne s’exonère de ses responsabilités, il s’agit d’une clause de style puisque son irresponsabilité politique est à la base de sa construction.

On appréciera l’expression condescendante « la langue que vous comprenez », visiblement il ne peut s’agir que d’une sous langue à la portée des braves peuples européens imparfaitement éduqués et formatés à l’anglais, cela viendra.

Que le citoyen se rassure, les textes législatifs font bien l’objet d’une rédaction dans la langue nationale, on n’est plus dans la présentation générale ou le débat démocratique, mais bien dans la norme que le citoyen européen se doit de bien connaître et appliquer.

La descente aux enfers de celui-ci ou de ce qu’il en reste ne s’arrête pas là.

A la rubrique « Politique linguistique », la commission nous informe qu’elle publie au moins en anglais, langue européenne choisie probablement par la déesse Europe : « La recherche ayant montré que cette langue permet d’atteindre environ 90% des personnes qui consultent nos sites web quelle soit leur langue maternelle (Heureux Irlandais) ou la langue étrangère qu’ils maîtrisent le mieux. »

On passera sur le mot « recherche », sans doute une bête application informatique simple et facturée très cher.

Etrange représentativité de cette population où 90% des personnes maitrisent l’anglais. Il ne s’agit visiblement pas des peuples de notre Europe, on ne parle pas ici de cet anglais bricolé pour demander son chemin lors de nos voyages, mais bien d’une langue qui permet d’exprimer ses pensées, sa sensibilité. L’Europe c’est d’abord cet extraordinaire foisonnement littéraire, intellectuel, exprimé dans des langues riches qui font l’identité des peuples qui la forment. Autant de réalités insupportables à nos nouveaux et déjà vieux aristocrates.

Mettre à distance les peuples permet au microcosme des européistes bruxellois de rester dans un entre-soi, et de nous fabriquer les catastrophes de demain dans une torpeur générale. Les medias complaisants, abreuvés de communiqués de presse, documents de propagande traduits dans toutes les langues, se chargeront de prêcher la bonne parole. Ils sauront manier calomnies, menaces et mensonges envers les récalcitrants.

Cela ne doit pas nous faire renoncer à nos cultures, à les vouloir vivantes à travers des langues en évolutions permanentes. Campés sur des Institutions Européenne taillée sur mesure, cette oligarchie privilégiée, le plus souvent inculte,  n’a aucune légitimité à décider d’une langue officielle.

Dans une démocratie les citoyens ont droit à la communication précise dans leur langue de l’intégralité des textes qui concourent à la définition de toute politique.

En quelques secondes, j’ai donc appris sous une forme de blitzkrieg numérique que je ne faisais pas partie du casting, qu’être membre de l’Union Européenne requiert l’apprentissage d’une langue qui n’est pas la mienne et l’acceptation d’un statut de simple sujet, le plus passif possible, bien loin de la promesse de souveraineté du peuple de notre révolution de 1789. Décidément tout est a refaire.

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