5 février 2021

Face au volontarisme allemand sur l’hydrogène, la filière nucléaire française est une chance pour notre pays

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Depuis la catastrophe sanitaire et économique de la Covid, la création de filières industrielles « d’hydrogène vert » est devenue l’une des priorités affichées de plusieurs pays européens et de la Commission de Bruxelles elle-même. Ainsi, le gouvernement allemand a annoncé en juin 2020 un plan de 9 milliards d’euros et la France, 7 milliards en septembre…

Il s’agit d’un véritable changement stratégique : en 2018, Nicolas Hulot n’avait présenté qu’un plan de 100 millions d’euros avec des objectifs ridicules. A vrai dire, les gouvernements successifs avaient moqué jusqu’alors les visionnaires qui, telle Marine Le Pen, défendaient la filière de l’hydrogène depuis plus de dix ans comme une chance pour la réindustrialisation de la France, notre indépendance énergétique et la transition écologique.

Pourquoi un tel engouement ? Pour faire simple, l’hydrogène dispose de propriétés inouïes qui lui permettent d’être un vecteur énergétique à la fois comme carburant pour le transport et comme « réserve » d’énergie électrique sans émettre ni pollution ni gaz à effet de serre autre que de la vapeur d’eau ! Autrement dit, l’hydrogène a la capacité de nous libérer de la dépendance au pétrole, au charbon et au gaz sans diminuer notre niveau de vie bien au contraire.

Néanmoins, si on peut se satisfaire que le gouvernement rejoigne nos positions sur le potentiel de l’hydrogène, il reste hélas complètement irréaliste et dogmatique sur la façon de produire cette ressource de manière rentable et favorable aux intérêts des Français.

Elément chimique le plus abondant dans l’univers, l’hydrogène n’est hélas pas disponible et exploitable sur Terre de manière naturelle, il faut donc le fabriquer. A l’heure actuelle, l’hydrogène que nous fabriquons pour notre industrie lourde provient de procédés polluants qu’on ne peut développer de manière raisonnable. Il est possible de fabriquer l’hydrogène à partir d’un procédé qu’on appelle l’hydrolyse, grâce à l’électricité.

C’est ce dernier procédé qui attire toutes les attentions. La multinationale française Air Liquide investit d’ailleurs dans de nouvelles usines au Canada et dans une start-up normande pour consolider son avance technologique.

Pour produire de l’hydrogène « vert », il faut donc de l’électricité « verte », c’est-à-dire sans pollution ni émission de gaz à effet de serre. Or, c’est ici que le gouvernement et l’Union européenne passent de la raison au délire idéologique.

L’Union européenne, sous l’influence de l’Allemagne, souhaite produire de l’hydrogène à partir des énergies renouvelables intermittentes que sont l’éolien et le solaire. La raison de ce choix est simple, le modèle de transition choisie par Angela Merkel est un échec total : malgré 500 milliards d’euros de dépenses publiques engagées et la plus lourde facture électrique d’Europe pour le consommateur, l’Allemagne est toujours dépendante du charbon et du gaz pour équilibrer sa production. Résultat ? L’Allemagne pollue toujours 5 à 6 fois plus que la France pour produire son électricité.

Le plan de l’Allemagne est donc simple : d’ici 2050, elle souhaiterait pouvoir transformer en hydrogène l’électricité produite en trop quand les éoliennes et les panneaux solaires fonctionnent puis retransformer l’hydrogène stockée en électricité quand cela est nécessaire.

Sur le papier, un tel projet est très sympathique mais son coût est faramineux ! Selon l’Agence International de l’Energie, un tel système coûterait entre 120 et 170€/MWh, le double ou le triple du prix de l’électricité produite aujourd’hui.

En réalité, la seule méthode pour produire de manière rentable et durable de l’hydrogène serait d’utiliser l’énergie nucléaire, qui produit une électricité peu chère et massive, ce qui permet de rentabiliser les électrolyseurs qui fabriquent l’hydrogène grâce aux économies d’échelle réalisées.

Championne mondiale du nucléaire civile, la France aurait donc toutes ses chances, mais le gouvernement français ne mise absolument pas sur notre filière nationale et préfère suivre le délire allemand sur les éoliennes et le solaire. Au contraire, les Etats-Unis et la Chine sont en train de développer de nouveaux modèles de réacteurs de 4ème génération particulièrement adaptés à la production d’hydrogène.

Pour gagner la bataille de l’hydrogène, la France doit donc réinvestir dans sa filière nucléaire. A titre d’exemple, la centrale injustement fermée de Fessenheim pourrait tout à fait être le lieu d’une nouvelle usine prototype de fabrication massive d’hydrogène. Un tel projet nécessiterait une vraie vision et de ne plus se soumettre à la volonté allemande, y compris quand elle est relayée par l’Union européenne !

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